Rencontres Siciliennes à Catane

Rencontres Siciliennes  grâce à l’association :       
Un groupe de troïnais et deux normands se retrouvent à Catane.

Que pouvaient donc bien faire à Catane en fête, ces premiers jours du mois de février, sous la pluie, le vent, le froid, cette délégation troïnaise et ces deux normands ?




Et pourquoi cette distribution d’enveloppes à la vingtaine de membres de l’association participant à la visite du château de Pirou en ce beau jeudi du mois de mai où  sous un soleil normand des plus resplendissants nous sommes tombés sous le charme de notre  guide-conférencier.

Au cours de la pause-café, Brigitte, la présidente a donc remis à chacun d’entre nous une enveloppe dans laquelle se trouvaient deux feuilles de laurier béni offertes par les  pèlerins troïnais venus  honorer, en février dernier, la sainte patronne de Catane : Agathe.(1)

 Les deux normands avaient pour mission d’apporter aux membres de notre association ces lauriers bénis. Agathe en accord avec Sylvestre a transformé les branches en feuilles.



Mais quel rapport entre Troina et Catane,  distantes de 70km ?

Vous connaissez la ville de Roger et de Judith et  le saint patron de la cité : Sylvestre bien sûr, moine basilien du monastère St Michel ! Bon d’accord, il a vécu entre la
fin du XI° et le début du XII° siècle mais il est tellement présent aujourd’hui encore.



Au moment où  nous admirions à Pirou la tapisserie, à Troina les pèlerins entamaient leur marche vers les monts Nébrodes – et ce n’est pas la porte d’à côté- pour aller cueillir des branches de laurier. Première manifestation  du « Festino di San Silvestro 2018»(2). La festa dei rami rassemble ensuite dans l’église du saint tous les cueilleurs pour la bénédiction des lauriers. Dimanche prochain, jour de la Ddarata, c’est au tour des chevaux et des mules de rapporter des rameaux. Enfin le premier dimanche de juin, Saint Sylvestre traverse en grande pompe toute la ville pour bénir la foule amassée le long du parcours.

Mais quel rapport entre Sylvestre et Agathe que plusieurs siècles séparent ?

 Sylvestre est un mystique qui avait une grande dévotion pour la martyre de Catane. Le Bon Dieu l’avait  pourvu de nombreux  dons et parmi ceux-ci celui de dédoublement de la personnalité. En désobéissant sans désobéir à son supérieur, le  père-abbé du monastère St Michel de Troina  qui lui avait interdit d’aller  à Catane honorer Agathe, le jour de sa fête, Sylvestre avait pu s’y rendre tout en restant sagement dans son monastère. (3)

La fête de Sainte Agathe est un événement fabuleux. La prière et le recueillement font  bon ménage avec  les pétards, les tambourins, les feux d’artifice, les signes de croix, les génuflexions, les bannières et les costumes,  les cierges offerts à la Sainte, les invocations parfois vociférées et applaudies. Cette manifestation extériorisée de la  foi peut surprendre les pèlerins des pays au climat plus tempéré et à l’esprit cartésien mais il suffit de « se laisser envahir »  et tout devient simple. Sinon vous assistez à une fête que vous trouverez folklorique suscitant  curiosité admirative , incrédulité voire incompréhension mais elle vaut le déplacement.

 Pendant  ces trois premiers jours du mois de février, la sainte, reine de la cité visite son peuple. Et le peuple, il est présent.

Cette rencontre attire un  million de personnes à Catane nous dit le journaliste du quotidien  « la Sicilia »(4).













Qui sont-elles ? « C’est le peuple d’Agathe. Personnes normales qui vivent. Souffrent. S’amusent. Travaillent. Prient. » Ces mots projetés sur le mur du palais jouxtant la cathédrale (5) dépeignent  bien surtout pour les touristes  le peuple
des   dévots d’Agathe en blouse blanche, gants blancs et bonnet noir, et des pèlerins. Cette célébration est à la fois religieuse et laïque à l’italienne. Agathe dans son parcours citadin s’arrête  pour saluer le maire, le   préfet etc. Les porteurs de cierge peuvent  souffler. Le  plus léger pèse 600 kg et le plus lourd plus du double. Un tel pèlerinage, naturellement,  ne saurait s’imaginer sans feux d’artifice, sans chorale et grand orchestre et sans…confiserie aux amandes encore moins sans patisserie.
Goûtez les « olivette di Sant’Agata » et les délicieuses « cassatine » qui vous renvoient l’image du supplice d’Agathe. J’aimerais pouvoir me dédoubler.

Merci Agathe, merci Sylvestre, merci les pèlerins de Troina. Vos lauriers ont été  « normandisés » au château de Pirou.

 Pourquoi n’irions nous pas un prochain jeudi à Rémilly-sur-Lozon et à Quettreville-sur-Sienne rendre visite à Agathe?

           Marie-Pierre. Louis. Jean-Pierre.

1. Pour Sainte Agathe, voir articles de Wikipedia par exemple. Je rappelle que cette jeune femme a été condamnée à mort après avoir été suppliciée comme d’autres le sont encore aujourd’hui pour raisons religieuses ou politiques.

2. Pour Saint Sylvestre, sur  le net, vous avez l’embarras du choix et avec le traducteur pas de problème. (a)Festino di san silvestro a troina. Feste e sagre in sicilia.       (b)Festa dei rami 2017 et festa Ddrarata   sur you tube +++.

3. Sur notre blog  vous trouverez un article de Silvano Privitera et un autre de Paolo Giansiracusa tiré de quaderni del mediterraneo, traduits en français. Les deux articles concernent Sylvestre et Agathe.

4. Je n’ai pas le comptage de la police.

5. « C’est le peuple d’Agathe.  Personnes normales qui vivent, souffrent, s’amusent, travaillent, prient. » Voilà ce que vous pouviez lire sur la façade du palais jouxtant la cathédrale.

6. Nous avons un très beau bas-relief daté de 1555 représentant le supplice d’Agathe dans la nef de l’église de Rémilly-sur-Lozon et de très beaux vitraux dans celle de Quettreville-sur-Sienne comme me l’a dit Annette Leblanc.

P.S. A10kms de Catane, dans la ville de Misterbianco se déroule au même moment un très beau carnaval.

Prochain article : deux normands à Troina chez Giuseppe Macri.

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