Exposition de Mr Fasanaro à Salerne

  Salerne aujourd’hui. Religion. Art.


Nous avons  rencontré Agathe à Catane, Sylvestre à Troina la cité de Judith et de Roger le Grand Conte et maintenant Renaldo Fasanaro1 nous emmène sur les pas de Mathieu2 à Salerne, capitale  de la princesse lombarde Sykelgaite et de son mari Robert Guiscard. Mathieu est fêté deux fois dans sa ville, en mai et en septembre. Ces célébrations religieuses toujours  grandioses attirent les foules. Tout le monde peut y trouver son compte que l’on soit croyant ou non. La beauté d’une rue tapissée de motifs floraux, à elle seule vaut le voyage comme on ne lit pas dans le guide Michelin. Elle témoigne de la fantaisie  artistique des salernitains et leur donne l’occasion de se rencontrer, de parler, de rire et c’est une de leurs façons de rendre hommage à  Mathieu.  Le Patron de Salerne  met aussi à contribution les artistes  musiciens, comédiens, peintres qui  participent  au succès de cette fête. En septembre sera présentée « Sichelgaita » dans l’atrium de la cathédrale. Pour la commémoration de la translation des reliques de Saint Mathieu qui a eu lieu en mai, Renaldo Fasanaro a créé une œuvre picturale particulière.

 Vous lirez ci-dessous l’article de Paolo Romano paru dans « La Città di Salerno » concernant cette œuvre que l’artiste avec grand plaisir adresse aux membres de notre association.



Les portraits de seize personnalités historiques salernitaines    

           peints  sur des cierges par Renaldo Fasanaro.



Cette exposition s’inscrit dans le cadre des manifestations  célébrant la translation des reliques de Saint Mathieu dans la cathédrale de Salerne.

                                                          


  

« 4 mai 2018.



« Le cierge, fabriqué avec la cire, matière première  sécrétée  par les abeilles, est  d’une grande richesse symbolique sur le plan  mystique  et théologique.
L’architecte salernitain  Renaldo Fasanaro,   l’a placé au centre de son  nouveau projet artistique.   

L’œuvre  de l’auteur  qu’il a intitulée : « Translatio Sancti Mattei  Apostoli et Evangelisti » est exposée actuellement à la cathédrale de Salerne dans la salle Saint Thomas. Il s’agit de seize  grands cierges peints à la main plus un dix-septième, particulier. Les seize cierges représentent autant de personnages  ayant marqué l’histoire de Salerne au Moyen Âge, dans la période de l’arrivée des reliques et de la construction de la cathédrale.







Le dix-septième doit être mis à part. Il sera offert comme cierge pascal.



 La  galerie de  portraits réalisés  sur la cire par l’artiste  nous renvoie aux événements  de l’époque. Qui sont ces personnages ?   Pélagie3 et Athanase4,  l’évêque  Jean de Capaccio5 ,  l’abbé  Didier  du Mont-Cassin6  qui trouva dans sa jeunesse  refuge à la cour de Gaymard V et devint pape sous le nom de Victor III ; les trois saints martyrs de Salerne Gaio, Ante et Fortuné7 qui étaient les patrons de Salerne avant l’arrivée des reliques de l’évangéliste) ; le prince Gisulf8 ,  Adélaide9, sainte et impératrice d’Italie,  Alfan10, l’évêque de Salerne, le   prince normand Robert Guiscard11 et





son épouse  Sikelgaite12  et   Landolfe Brutumile et sa femme Guisana,  les  généreux donateurs de   la porte en bronze  de la cathédrale. Au centre se trouvent les cierges du Christ et de Saint Mathieu  et le grand  cierge pascal. Ces cierges sont d’une hauteur de trente centimètres environ  et leur  diamètre mesure  douze centimètres. La technique utilisée par l’artiste est celle du pastel sur parchemin sur fond d’or pur pour exalter le concept de sacré. Les miniatures ont ensuite été encollées sur la surface des cierges et sur chacun d’eux est reporté le nom en latin du personnage et quelques lignes, en latin également, révélant  le rôle qu’il a joué dans la mise en valeur des reliques  du saint. Sont aussi  cités beaucoup de passages tirés  des « carmi » (poésies) de l’évêque Alfan qui fut également médecin, architecte et poète. L’artiste a  voulu embellir et enrichir encore  plus ses cierges en y appliquant des collerettes de passementerie du XVIII siècle.  « J’ai réussi à me procurer des passementeries brodées du XVIII siècle Elles m’ont été fournies par  la couturière d’un couvent de sœurs à Rome ».  Fasanaro  a insisté sur   la symbolique   du cierge remontant  aux premiers temps du christianisme. «  Le cierge représente le corps, la mèche l’âme et la flamme l’esprit. Chaque cierge est en quelque sorte un prolongement de notre prière. »

Cette exposition visible jusqu’au 6 mai a été pensée comme accompagnement iconographique  des  célébrations voulues par  Dom Michel  Pecoraro, curé de la cathédrale   en  mémoire de  la translation des reliques de saint Mathieu. Le 6 mai de l’année 954, le prince lombard Gisulf  I  décida   le transfert des reliques de l’apôtre Mathieu, de la cité de Caput Aquis (aujourd’hui Capaccio) à Salerne. En 1080, au cours des travaux de construction de la cathédrale normande, l’archevêque Alfan  communiqua au pape Grégoire VII la découverte des reliques du saint qui accroitront entre le XI et  XIII siècle,  la renommée de Salerne dans toute l’Europe comme « Civitas Sancti  Mattei ».

L’exposition de Renaldo Fasanaro parrainée par l’archidiocèse de Salerne-Campagna-Acerno  a été    organisée par  l’association « Adorea » en  collaboration avec le  groupe archéologique salernitain pour la partie scientifique ».

Paolo Romano.

1. Vous connaissez tous l’évangéliste St Mathieu. Aujourd’hui,  Il repose dans la crypte de la cathédrale de Salerne. Il aurait pu reposer à la pointe St Mathieu chez nos amis bretons si….

 En mai les salernitains commémorent  la translation des reliques de Mathieu dans leur cathédrale et en septembre lors d’une  deuxième grande fête ils  célèbrent la « naissance au ciel» du saint devenu patron de la ville et… des comptables, financiers, agents du fisc, gabelous…

2. Article de Mr Paolo Romano paru dans le journal : La Città di Salerno et envoyé par Mr Renaldo Fasanaro aux membres de notre association. Nous le connaissons. Pour les lecteurs de  notre blog voir  l’article concernant l’œuvre picturale de l’artiste sur les « mulieres salernitanae ».  

3. La femme pieuse – pouvait-il en être autrement- à qui Mathieu en personne  a indiqué l’endroit où se trouvait sa sépulture à Marina di Casal Velino près de Velia (la fameuse Veies).
4. Frère de Pélagie ou son fils et moine de son état qui a tout de suite vu le bon parti qu’il pouvait tirer de la vente de ces ossements.
5. Tout près de Paestum distant d’une petite cinquantaine de km de Velia et autant de Salerne.
6. Le célèbre abbé est une des grandes figures du  XIe  siècle.
7. Martyrisés sous Dioclétien. Fin du IIIe siècle.
8. Ne pas confondre avec Gisulf II, le frère de Sychelgaite.et beau-frère de Robert.  Gisulf I a vécu au Xe  siècle.
9. Il s’agit d’Adélaide de Bourgogne femme de l’empereur d’Allemagne  qui a vécu au Xe siècle.
10. évêque de Salerne, médecin, poète et  ami de Didier du Mt Cassin .
11-12. Ils adressent aux membres de l’association leur plus amical salut.
13. Le pape de la réforme qui porte son nom est inhumé dans la cathédrale. Ses rapports avec Robert ont souvent été orageux.

Sur le net très bonne traduction : 1.la festa di San Matteo.SitiXoom, 2. la festa di San Matteo, il padrone di Salerno. Tra storia e leggenda. Salerno religiosa.3.  Le tappe della traslazione di San Matteo.

Bonne lecture : Jean-Pierre, Louis.

Rencontres Siciliennes à Catane

Rencontres Siciliennes  grâce à l’association :       
Un groupe de troïnais et deux normands se retrouvent à Catane.

Que pouvaient donc bien faire à Catane en fête, ces premiers jours du mois de février, sous la pluie, le vent, le froid, cette délégation troïnaise et ces deux normands ?




Et pourquoi cette distribution d’enveloppes à la vingtaine de membres de l’association participant à la visite du château de Pirou en ce beau jeudi du mois de mai où  sous un soleil normand des plus resplendissants nous sommes tombés sous le charme de notre  guide-conférencier.

Au cours de la pause-café, Brigitte, la présidente a donc remis à chacun d’entre nous une enveloppe dans laquelle se trouvaient deux feuilles de laurier béni offertes par les  pèlerins troïnais venus  honorer, en février dernier, la sainte patronne de Catane : Agathe.(1)

 Les deux normands avaient pour mission d’apporter aux membres de notre association ces lauriers bénis. Agathe en accord avec Sylvestre a transformé les branches en feuilles.



Mais quel rapport entre Troina et Catane,  distantes de 70km ?

Vous connaissez la ville de Roger et de Judith et  le saint patron de la cité : Sylvestre bien sûr, moine basilien du monastère St Michel ! Bon d’accord, il a vécu entre la
fin du XI° et le début du XII° siècle mais il est tellement présent aujourd’hui encore.



Au moment où  nous admirions à Pirou la tapisserie, à Troina les pèlerins entamaient leur marche vers les monts Nébrodes – et ce n’est pas la porte d’à côté- pour aller cueillir des branches de laurier. Première manifestation  du « Festino di San Silvestro 2018»(2). La festa dei rami rassemble ensuite dans l’église du saint tous les cueilleurs pour la bénédiction des lauriers. Dimanche prochain, jour de la Ddarata, c’est au tour des chevaux et des mules de rapporter des rameaux. Enfin le premier dimanche de juin, Saint Sylvestre traverse en grande pompe toute la ville pour bénir la foule amassée le long du parcours.

Mais quel rapport entre Sylvestre et Agathe que plusieurs siècles séparent ?

 Sylvestre est un mystique qui avait une grande dévotion pour la martyre de Catane. Le Bon Dieu l’avait  pourvu de nombreux  dons et parmi ceux-ci celui de dédoublement de la personnalité. En désobéissant sans désobéir à son supérieur, le  père-abbé du monastère St Michel de Troina  qui lui avait interdit d’aller  à Catane honorer Agathe, le jour de sa fête, Sylvestre avait pu s’y rendre tout en restant sagement dans son monastère. (3)

La fête de Sainte Agathe est un événement fabuleux. La prière et le recueillement font  bon ménage avec  les pétards, les tambourins, les feux d’artifice, les signes de croix, les génuflexions, les bannières et les costumes,  les cierges offerts à la Sainte, les invocations parfois vociférées et applaudies. Cette manifestation extériorisée de la  foi peut surprendre les pèlerins des pays au climat plus tempéré et à l’esprit cartésien mais il suffit de « se laisser envahir »  et tout devient simple. Sinon vous assistez à une fête que vous trouverez folklorique suscitant  curiosité admirative , incrédulité voire incompréhension mais elle vaut le déplacement.

 Pendant  ces trois premiers jours du mois de février, la sainte, reine de la cité visite son peuple. Et le peuple, il est présent.

Cette rencontre attire un  million de personnes à Catane nous dit le journaliste du quotidien  « la Sicilia »(4).













Qui sont-elles ? « C’est le peuple d’Agathe. Personnes normales qui vivent. Souffrent. S’amusent. Travaillent. Prient. » Ces mots projetés sur le mur du palais jouxtant la cathédrale (5) dépeignent  bien surtout pour les touristes  le peuple
des   dévots d’Agathe en blouse blanche, gants blancs et bonnet noir, et des pèlerins. Cette célébration est à la fois religieuse et laïque à l’italienne. Agathe dans son parcours citadin s’arrête  pour saluer le maire, le   préfet etc. Les porteurs de cierge peuvent  souffler. Le  plus léger pèse 600 kg et le plus lourd plus du double. Un tel pèlerinage, naturellement,  ne saurait s’imaginer sans feux d’artifice, sans chorale et grand orchestre et sans…confiserie aux amandes encore moins sans patisserie.
Goûtez les « olivette di Sant’Agata » et les délicieuses « cassatine » qui vous renvoient l’image du supplice d’Agathe. J’aimerais pouvoir me dédoubler.

Merci Agathe, merci Sylvestre, merci les pèlerins de Troina. Vos lauriers ont été  « normandisés » au château de Pirou.

 Pourquoi n’irions nous pas un prochain jeudi à Rémilly-sur-Lozon et à Quettreville-sur-Sienne rendre visite à Agathe?

           Marie-Pierre. Louis. Jean-Pierre.

1. Pour Sainte Agathe, voir articles de Wikipedia par exemple. Je rappelle que cette jeune femme a été condamnée à mort après avoir été suppliciée comme d’autres le sont encore aujourd’hui pour raisons religieuses ou politiques.

2. Pour Saint Sylvestre, sur  le net, vous avez l’embarras du choix et avec le traducteur pas de problème. (a)Festino di san silvestro a troina. Feste e sagre in sicilia.       (b)Festa dei rami 2017 et festa Ddrarata   sur you tube +++.

3. Sur notre blog  vous trouverez un article de Silvano Privitera et un autre de Paolo Giansiracusa tiré de quaderni del mediterraneo, traduits en français. Les deux articles concernent Sylvestre et Agathe.

4. Je n’ai pas le comptage de la police.

5. « C’est le peuple d’Agathe.  Personnes normales qui vivent, souffrent, s’amusent, travaillent, prient. » Voilà ce que vous pouviez lire sur la façade du palais jouxtant la cathédrale.

6. Nous avons un très beau bas-relief daté de 1555 représentant le supplice d’Agathe dans la nef de l’église de Rémilly-sur-Lozon et de très beaux vitraux dans celle de Quettreville-sur-Sienne comme me l’a dit Annette Leblanc.

P.S. A10kms de Catane, dans la ville de Misterbianco se déroule au même moment un très beau carnaval.

Prochain article : deux normands à Troina chez Giuseppe Macri.