Ces normands en Italie du Sud, si dérangeants, si fascinants !

  Saverio Bianco : Scribla  
Grafica Pollino. Castrovillari (CS)  2012.

« Trop souvent, nous méridionaux, (1) en suivant  des modes et des mythes trompeurs, nous oublions  notre  illustre passé. Je ne fais pas référence à la fameuse Magna Grecia mais à l’époque normande. Après l’an 1000, en plein Moyen Âge, les Normands, non seulement réussirent à conquérir en l’unifiant tout le Sud de l’Italie,
mais réalisèrent un chef-d’œuvre politique à  rendre envieux  les  diplomates actuels. Ils créèrent  un cadre politique et culturel unitaire, là où les cultures étaient  tellement   éloignées,  tellement  différentes. Notre Italie méridionale si tourmentée, était habitée par des peuples latins, lombards, grecs et arabes, chacun parlant sa  propre langue, ayant  sa propre religion, suivant ses  propres traditions».

…« Ils trouvèrent les moyens de s’adapter  à des contextes culturels différents. Ils surent donner  l’exemple d’un modèle souple, orienté vers le vivre-ensemble, dans lequel se trouve réalisée une véritable symbiose entre les populations »

Voilà une bien belle profession de foi. Hé bien ! C’est celle d’un calabrais d’aujourd’hui.  Est-ce-que  quelques globules rouges normands circuleraient  dans ses veines ?

 Le professeur Saverio Bianco(2) est né à Roggiano Gravina(Cs) et réside avec toute sa famille à Terranova da Sibari. Cet ingénieur  enseigne les  Technologies Chimiques à l’Institut Technico --Industriel  Enrico Fermi  de Castrovillari.

La modélisation moléculaire va chez lui de pair avec la  modélisation  littéraire . L’auteur a écrit un  petit livre de 83 pages intitulé Scribla. J’ai choisi de vous traduire  le chapitre portant le même nom.

Scribla, situé en Calabre du nord, vous le  trouverez à côté de la gare de  Spezzano Albanese Terme. Sinon, il est bien visible de la grand-route passant à distance.  Mesdames Ghislaine Noyé et Anne-Marie Flambard-Héricher, bien connue chez nous ont attaché leur nom à l’étude  de ce site qui domine l’entrée   de la très riche plaine de Sibari. Au temps des normands et même après, cette plaine était un marécage pestilentiel mais un passage obligé car les voies de communication devaient traverser   cette région  ceinturée de hautes montagnes. Peut-être le Crati et son affluent le Coscile avaient-ils chacun leur lit ?


Pour le lecteur pressé, voici un bref aperçu du texte. D’abord une introduction qui a peu à voir avec le sujet puisqu’il s’agit des pensées de l’auteur sur l’intérêt de la  lecture en général. Pourquoi lire ? Pourquoi écrire ? Ces questions nous interpellent ainsi que les réponses données par l’auteur. Il semble qu’il soit plus difficile d’ouvrir un livre que d’allumer la télévision. Ensuite, nous entrons dans le vif du sujet et j’avoue avoir été séduit par la façon dont   il  nous dépeint  son émerveillement devant la beauté des paysages de la Calabre du nord où il habite  et je ne peux que vous encourager à aller y randonner, puis  sa mélancolie devant  le fameux site « oublié » de Scribla  « qui  mériterait d’être intégré dans un itinéraire culturel accessible à tous » et non plus seulement aux touristes  adeptes du « romantisme archéologique ». Enfin c’est à Scribla qu’il a rencontré un personnage qui ne nous est pas inconnu et j’ai aimé sa façon de nous le dépeindre.

 Je ne peux que vous inciter   à aller rencontrer  les grecs à  Sybaris et sur la côte ionienne, et  ce mystérieux personnage  à Scribla et à San Marco Argentano. Vous apprécierez la gentillesse des calabrais  et la beauté de leur pays. J’ai fait l’ascension du mont portant la fortification de Scribla, un midi par 40° celsius. Là haut, J ai « retrouvé » une jeune étudiante en archéologie devenue  une professeure réputée : Mme Flambard-Héricher. Que de chemin parcouru entre sa thèse de 3°cycle soutenue  à l’université de Caen (1982-83) et son ouvrage magistral : Scribla publié par l’Ecole Française de Rome(2010). Enfin, déguster une bolée de cidre  avec le personnage que l’auteur m’a fait connaitre, cela n’arrive pas tous les jours et ce fût un réel moment de plaisir qu’il ne demande qu’à partager avec vous.

 (1)L’auteur habite en Calabre.  (2) Vous pouvez voir son cv sur le net. C’est un monsieur charmant qui prendra plaisir à répondre à vos courriers. Mme Flambard-Hericher  a participé aux colloques de Cerisy-la-Salle. (3) La  fortification  de Scribla se trouve à une vingtaine  de kms de celle de San Marco Argentano et  vous pouvez admirer la maquette de cette dernière  au musée de Hauteville-la-Guichard. N’oubliez-pas d’aller faire un petit détour par la « butte Saint Clair » toute proche.

Bonne lecture. Vos commentaires sont les bienvenus. Louis.


Saverio Bianco : Scribla

Grafica Pollino. Castrovillari (CS)  2012.