Paolo Giansiracusa. Recenti scoperte storico-artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi.  Vêtements liturgiques  de l’évêque   Vincent di Napoli  in Quaderni del Mediterraneo. N° 15. 2014-2015. Directeur :  Paolo  Giansiracusa. Editeur : Tyche Edizioni.

LA CHAPE de l’évêque Vincent de Napoli (1)


Manufacture : Messine
Datation : première moitié du XVII° siècle
Provenance : église-mère de Troina.   (ex- cathédrale)
Lieu d’exposition :   ex- cathédrale
Tissu : fil de soie coloré et fil d’or sur soie couleur ivoire.
Technique de travail : broderie et applications décoratives de tissu en soie bleue.
Disposition des motifs brodés : les éléments  brodés  sont  distribués de manière symétrique et  disposés en   spirales végétales donnant naissance à des fleurs exotiques, des roses et des lys  avec   leur feuillage. Les applications décoratives  brodées en or déterminent une stratification spatiale. Des   bandes  de soie, couleur saumon, brodées au fil d’or  forment  un triptyque de roses à claire  connotation  théologique.  La conception  décorative en candélabre rappelle les compositions structurées des « grotesques » de la Renaissance.
                                                                                                                                          
Ecrits, monogrammes, blasons : les deux    bandes ornementales qui s’étendent  sur toute la hauteur de la chape  présentent chacune à leur  extrémité inférieure,
 le blason de l’évêque Vincent de Napoli, évêque de Patti appartenant à l’aristocratique famille homonyme de Troina. (2)


Dimensions : largeur 320 cm, hauteur : 150 cm.
Etat de conservation : assez bon.
Analyse de la décoration   brodée : sur un fond conçu comme  plan lumineux se détachent   des éléments de broderie Richelieu  disposés symétriquement   morcelant   le champ visuel  et ouvrant   une vision en  perspective  sur  un plan brodé  caractérisé par  une décoration plastique  en zigzag. Sur le fond lumineux s’entrelacent  des grappes fleuries nouées  en corolles  et anneaux  disposés verticalement. L’axe central autour duquel  s’attachent  tous les festons crée la structure principale dans laquelle les courbes florales  génèrent  des arabesques  et  des  clairs-obscurs  d’inspiration baroque. La  composition florale  aux  couleurs variées  faite d’ éléments  à   différents stades de leur  développement   
confère à la broderie une dimension spatiale  où  les boutons et  les fleurs déjà écloses  vues de profil regardant  vers  l’intérieur ou  l’extérieur ou  de trois quarts  créent    un mouvement, une dynamique  qui se développe sur tout l’espace.
Sur l’écu de la chape,  la décoration, bien que non connectée avec celle du  grand col, présente une grande similitude  par sa disposition  symétrique et l’identité typologique  de la broderie. Le point  lancé utilisé dans les fleurs comme dans le feuillage crée une  teinte  à l’effet métallique qui rappelle la luminosité de l’or délimitant les parties principales de la structure. On dirait que l’or dessine et la soie colore. Le frisage  escompté de l’armure satin sur laquelle  est brodé le décor  confère à l’ensemble une vibration matiériste  qui rappelle la chair. Des rubans brodés et appliqués créent des points de convergence  et   l’illusion  picturale nous permet de voir   la chape,  parement utilitaire d’utilisation quotidienne  devenir   en même temps un habit solennel. La frange faite de torsades  de soie dorée confère au vêtement liturgique ce poids structurel  nécessaire pour tendre l’écu et la chape.
 Le  modèle à lignes ouvertes révèle la matrice  baroque typique de la pièce permettant de la dater  du milieu du XVII° siècle. Paolo Giansiracusa.
(1) Ce texte, je ne voulais pas le traduire car trop difficile à comprendre  pour moi, mais Danièle,  la charmante épouse de Jean-Pierre, experte en broderie  m’y a poussé  au nom de toutes les brodeuses de notre association. Grâce à la gentillesse du professeur Giansiracusa  qui m’a expliqué  certains « points », ce travail a pu être mené à son terme.  Avec plaisir  j’associe Jean-Pierre, le créateur de notre blog et mon professeur  « d’informatique pour les nuls ». Louis

(2)Voir l’analyse du portrait de l’évêque Vincent de Napoli faite par le Pr. Giansiracusa dans le blog précédent. 

le brancard processionnel de Saint Sylvestre de Troina. P.Giansiracusa

Paolo  Giansiracusa : Recenti scoperte storico artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi. Aspects iconographiques liés aux traditions basiliennes. In QUADERNI DEL MEDITERRANEO. N° 15  2015-2016.
Les membres de notre association  qui vont  prochainement rendre visite à leurs amis de Troina iront obligatoirement  saluer  un personnage incontournable de l’Antique Cité des Nébrodes. Saint Sylvestre me semble tellement présent dans la vie de certains paroissiens que je me demande s’il ne leur apparait pas en chair et en os le jour de sa fête. Celle-ci  donne lieu à de grandes manifestations. Il parcourt alors sa bonne ville porté sur un brancard.
Le brancard processionnel de Saint Sylvestre. Paolo Giansiracusa 

C’est un des chefs d’œuvre de la sculpture en argent de la Sicile du XVIII° siècle. Sur chacun des côtés de la structure rectangulaire  est  illustré  un  moment marquant  de la vie de Saint Sylvestre. Sur la face antérieure, au centre et en bas de la décoration,   dans un médaillon ovale le   Saint


 apparaît portant Jésus sur ses épaules.  Le médaillon situé sur le côté gauche  présente    la scène du miracle du four  et   sur le côté droit  les  guérisons miraculeuses attribuées au Saint lors de la peste de 1575. Enfin sur  la face postérieure,  le quatrième médaillon illustre  le  miracle de la guérison du fils de Guillaume I. (1)


L’année  d’achèvement de l’œuvre, 1736   est incisée sur les faces gauche et postérieure  dans la partie supérieure des décorations.
Les poinçons qu’on peut voir sur les  lames d’argent   laissent apparaître   diverses dates, la plus ancienne  1716  correspond  à la marque du   Consul des  Orfèvres de Messine, Antoine Frassica et également à celle du  probable auteur du brancard, Philippe Vento (sculpteur de l’urne-reliquaire du Saint exécutée toujours à Messine en 1714). Sur le brancard on peut aussi relever les poinçons des consuls de Palerme et Catane certifiant  les  contributions  décoratives qu’on peut dater de  1722, 1724 et 1736. Les médaillons par leur charge expressive et la grande habileté technique du modelé, sont de véritables chefs-d’œuvre de l’art baroque. Ils furent exécutés à Catane, peut-être s’agit-il d’offrandes de  dévots à  sainte Agathe.  Le lien  spirituel  très fort unissant  la Sainte à Saint Sylvestre et ce dernier  aux habitants de Catane est bien connu. (2)
Les blasons et les inscriptions font référence aux donateurs locaux qui, en participant   à l’effort financier collectif,  ont permis la réalisation de ces  chefs-d’œuvre. Les familles Di Napoli, Polizzi, Stazzone et les  Jurés du quartier Scalforio ont fait  inciser sur le brancard les marques de  leur passage et de leur dévotion.
Récemment, une longue et complexe restauration de la structure, des  lames en argent et du modelé a été menée à bien  et a permis de rendre  à la communauté, à la culture et à l’histoire un des chefs-d’œuvre   mettant    en valeur la maîtrise  des orfèvres dans  l’art du repoussé,  de la fusion et du ciselé de l’argenterie, en Sicile. Paolo Giansiracusa. (a suivre : La crosse de l’abbé.)

(1) «  Selon la tradition, Saint Sylvestre vient au secours d’un miséreux âgé qui fait la manche et pour mieux  prendre soin de lui le porte sur ses épaules  jusqu’à l’entrée  de son monastère où le pauvre mendiant se révèle être Jésus Christ.
Le miracle du four : Le Saint vient en aide à un jeune frère convers  qui ne trouve pas le balai  lui servant habituellement   à nettoyer le four de ses cendres. Sylvestre entre dans le four et en ressort avec des vêtements immaculés.
La guérison du fils du roi Guillaume I : Le Saint est  au chevet du fils du roi de Sicile, Guillaume I. Il se joue des moqueries des médecins entourant le jeune malade  et le guérit. Ce miracle accroît sa réputation de sainteté et il sera élu abbé à son retour au monastère de Troina.
Saint Sylvestre est porté en procession pendant l’épidémie de peste qui décime la population de Troina en 1575 et arrête l’épidémie. Il est acclamé « patronus » de la cité. »
 In Viviscilia.it. Troina festeggia il proprio patrone San Silvestro  Sandra La Fico. Vivisicilia 1 juillet  2010
(2) On raconte que Saint Sylvestre nourrissait une profonde dévotion  pour la sainte de Catane.,  Contrevenant aux ordres de l’abbé du monastère Saint Michel. de Troina, il se rendit dans cette ville. Quelle ne fut pas la surprise des  autres moines qui eux avaient eu  cette autorisation,  de le voir agenouillé devant les reliques de Sainte  Agathe. Surprise encore plus grande quand de retour à Troina ils virent Saint Sylvestre, frais et pimpant les accueillir à la porte du monastère.
In Vivisicilia.it. La città di Troina in delegazione alla festa di San Agata di Catania. Silvano Privitera. 4-02-2010.
Les deux articles peuvent  être lus en français. Traduction automatique.

Dans laquelle de ces trois églises pouvez-vous voir une très belle statue de Sainte Agathe : Rémilly –sur- Lozon, Le Lorey, Périers ?