Les aventuriers du soleil d'Italie Joseph Fromage . ed. Humussaire
Une idée de
cadeau pour noël
Connaissez-vous
Mr Joseph Fromage ?
Ce Créançais
porte allègrement ses 85 ans et le
sourire illuminant son visage, la douceur de sa voix tranquille donnent envie de l’écouter parler des Normands
en Italie du Sud et… de lire ses romans historiques. Car il occupe sa retraite
à écrire.
Quel cv ! Maraicher dans son enfance, commissaire de
police ensuite, Contrôleur général de la Police enfin, écrivain maintenant.
« Les aventuriers du Soleil d'Italie" , un régal!
Louis
Notre présidente nous parlera lors de la soirée-pizza des
contacts noués avec l’architecte- peintre Renaldo Fasanaro qui nous avait
envoyé une invitation pour l’inauguration de son exposition de peinture à
Salerne le lundi 18 septembre 2017.
Voici l’article d’Aniello
Palumbo paru dans le journal Chronache
di Salerno.
Splendide Mulieres Salernitanae
L’exposition de l’architecte-peintre Renaldo
Fasanaro sera visible jusqu’à la fin septembre à l’Arche catalane du palais Pinto. Une anthologie
dédiée aux femmes de notre cité entrées à différents titres dans les livres de
science, d’histoire, d’art ou de lettres.
La célèbre « Magistra »(1) Trotula De
Ruggiero, la plus renommée
des « Mulieres
Salernitanae »(2) et ses consoeurs Sichelgaita, Constanza Calenda, Jasmine Medica, Abella Di
Castellomata dite « Abella Salernitana », Francesca Romana, Maria
Incarnata, Rebecca Guarna, Mercuriade, Constantia Mammana, Berdefolia Medica qui ont profondément marqué l’histoire de
notre cité, sont les protagonistes des œuvres exposées jusqu’à la fin du mois
de septembre dans la Cour Catalane du Palais Pinto, rue Mercanti, réalisées par
l’architecte et peintre salernitain Renaldo Fasanaro. Les vingt œuvres picturales rassemblées
nous emmènent, dans un fantastique voyage à travers l’histoire,
la botanique, et les souvenirs, à
la rencontre des « doctoresses » de l’Ecole Médicale
de Salerne dans la période allant du XI° au XV° siècle. Les portraits sont réalisés soit en utilisant la technique
de l’aquarelle soit en technique mixte : dans chaque cadre sont insérées des plantes recueillies par l’auteur, au
printemps, dans le jardin de la Minerve(3) (chélidoine, violettes, coriandre,
poivre, lin commun, bourrache, cymbalaire commune, calendula ou souci
officinal, raisins variété Sanginella, adiante ou cheveu de venus) et des
bijoux réalisés par Rosalba Fasanaro.
« J’ai voulu regarder avec les yeux de Trotula, Rebecca, Mercuriade,
Abella Constanza et Sichelgaita les
fleurs et les plantes de l’antique « Hortus Sanitatis » de Matteo Silvatico,(4) aujourd’hui
« Jardin de la Minerve » Grâce aux conseils ô combien éclairés de Luciano Mauro, j’ai cueilli,
dans le jardin des simples, des échantillons rares de plantes ancestrales pour les déposer dans les mains des « Mulieres » comme dans un écrin d’histoire. J’ai peint
mes aquarelles en une année, entre Rome,
les îles Baléares, Cagliari et Naples ». L’architecte Ruggiero Bignardi, curateur de cette exposition, a expliqué que les
portraits des « Mulieres Salernitane » de Fasanaro mettent bien en évidence
l’approche des soins du corps en
harmonie avec l’univers
« confirmant les principes de l’enseignement d’Hippocrate
et de Galien dans la conception du lien indissoluble existant entre
l’homme et le cosmos». Enseignements qui ont contribué au développement de la
culture médico-scientifique de l’Europe du XI° siècle , avec les traductions de
l’arabe en latin de Constantin L’Africain et la formation d’illustres médecins
comme Trotula De Ruggiero et Jean Plateario, et au XII° siècle grâce à
l’extraordinaire figure de Hildegarde de Bingen, dont on peut voir dans
l’implantation géométrique des mosaïques
découvertes pendant les dernières phases de la restauration des promenoirs intérieurs de la Cour
Catalane, une représentation imagée de sa vison de la symbolique du cosmos
![]() |
sichelgaita |
Matteo Lanzetta, professeur de lettres, a rappelé les préceptes de la médecine hippocratique reposant
sur une base scientifique : « observation des malades, analyse des symptômes et surtout mode de raisonnement
profondément rationaliste en contraste avec la notion démoniaque de la cause
des maladies ».Le professeur Lanzetta a également parlé de l’équilibre
entre les opposés identifiés avec les quatre humeurs circulant dans le corps
(sang, phlegme, bile jaune et bile noire)de l’équilibre desquels dépendent le
bien être
ou la maladie. Il a
rappelé les noms des fondateurs de l’Ecole de Médecine Salernitaine : le
latin Salernus, le grec Pontus, l’arabe Adela
et le Juif Helinus. Paola Brandi
professeure de philosophie et histoire a parlé des rapports âme/corps et du
concept de beauté dans la vision néoplatonicienne de la Renaissance, soulignant
la profondeur du regard chez les « Mulieres »
peintes par Fasanaro « L’auteure attire l’attention sur le concept utilisé
par les grecs pour désigner l’âme : « psyché », sa signification
originelle est liée au verbe
« psychein », « souffler », l’âme est le souffle vital. Liliana
Di Landri professeure d’anthropologie culturelle, a parlé du
« chamanisme ». Le chamane qui
dans cette exposition se trouve
représenté dans sa version « féminine », est une personne
ayant le pouvoir d’entrer volontairement dans un état de
conscience « non ordinaire » pour prendre contact avec le monde des esprits : le médecin-guérisseur opère par
conjurations, maléfices et potions composées d’herbes, de fleurs et de
racines dont les vertus médicinales ont une origine
divine.. Un fil rouge relie les grandes déesses guérisseuses de
l’antiquité : Hathor, Isis, Déméter, Médée ou encore Circé, aux
« Mulieres » de l’Ecole de Médecine Salernitaine. Le docteur Luciano Mauro, directeur du
« jardin de la Minerve » a rappelé que dans l’ensemble du territoire
de la commune de Salerne sept cent seize
espèces de plantes officinales ont pu
être répertoriées et que les compétentes et talentueuses « Mulieres Salernitanae » les ont certainement
utilisées.
Enfin, pour le plus
grand plaisir de la nombreuse assistance, le maître Ugo Di
Giovanni a joué sur son luth
renaissance deux airs du XV° et
XVII° siècle tandis que les acteurs
Elena
Monaco e Andrea Bloise ont récité
des textes de
Trotula De Ruggiero, Bocaccio et Dante Alighieri.
Aniello Palumbo
1. Enseignante
2. Femmes de Salerne
3. Ce jardin botanique médicinal situé non loin de la
cathédrale est un havre de paix.
4. On doit à ce médecin (1285-1342) la création du premier
« Hortus Sanitatis » pour les élèves de l’école médicale de Salerne.
Il se trouvait deux mètres plus profond
que le jardin de la Minerve.
J’en profite pour
rappeler qu’à Hauteville-la-Guichard
vous pouvez vous promener dans les allées du jardin botanique médicinal.
Il est intéressant de comparer le portrait salernitain de celui exposé à Bricquebec cet été.
La crosse de l'abbé. Paolo Giansiracusa Quaderni del Mediterraneo. N°15
Voilà encore un objet sacré que vous pourrez voir lors de votre prochain voyage à
Troina.
Paolo
Giansiracusa. Recenti scoperte storico-artistiche nella civitas vetustissima
dei Nebrodi, in QUADERNI DEL MEDITERRANEO. N°15, 2014-2015, ed.Tyche, Siracusa.
LA CROSSE DE
L’ABBE
Cette oeuvre
d’art raffinée provient du vieux
monastère basilien Saint Michel
(monastero vecchio) où les abbés avaient le privilège de porter les mêmes
insignes que les évêques.
Le bâton
pastoral est entièrement réalisé en argent avec des éléments fondus, entaillés
ou encore pour certains motifs décoratifs, martelés, la dorure superficielle exécutée à chaud.
Ce joyau peut
être daté de la moitié du XV °siècle et
attribué aux orfèvres de Messine. Les incrustations d’émaux polychromes de la crosse témoignent de l’art et de la
maitrise technique de ces orfèvres.
Ce bâton
pastoral ressemble aux deux autres
fabriqués certainement dans le même atelier péloritain(1) :
2. Le pastoral
(moitié du XV° siècle) du musée diocésain de Tropea.(3) Celui-ci montre la même
scénette que celle de
Troina à savoir la consécration épiscopale faite par le Christ en Trône.
(1) Troina est la cité des monts Nébrodes, parallèles à la
mer thyrénienne et Messine celle
des monts péloritains qui dominent la mer ionienne.
(2) Reggio Calabria : pointe de la
botte. Région Calabria.
(3) Tropea : Cité balnéaire proche de
Mileto, la ville de Roger le Grand comte. Région Calabria.
Le fameux bâton pastoral, illustre la page de couverture du très beau livre
du professeur Giansiracusa intitulé
Troina que vous pouvez consulter au musée Tancrède de Hauteville-la-Guichard.
J’espère pouvoir vous faire lire l’introduction du maire de la belle civitas
vetustissima dei nebrodi.
Paolo Giansiracusa. Recenti scoperte
storico-artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi. Vêtements liturgiques de l’évêque Vincent di Napoli in Quaderni del Mediterraneo. N° 15.
2014-2015. Directeur : Paolo Giansiracusa. Editeur : Tyche Edizioni.
Manufacture : Messine
Datation : première moitié du XVII° siècle
Provenance : église-mère de Troina. (ex- cathédrale)
Lieu d’exposition : ex-
cathédrale
Technique de travail : broderie et applications décoratives de tissu en soie
bleue.
Disposition des motifs brodés : les éléments
brodés sont distribués de manière symétrique et disposés en
spirales végétales donnant
naissance à des fleurs exotiques, des roses et des lys avec leur feuillage. Les applications
décoratives brodées en or déterminent
une stratification spatiale. Des bandes
de soie, couleur saumon, brodées au fil d’or forment un triptyque de roses à claire connotation théologique.
La conception décorative en
candélabre rappelle les compositions structurées des « grotesques »
de la Renaissance.
Ecrits, monogrammes,
blasons : les deux bandes
ornementales qui s’étendent sur toute la
hauteur de la chape présentent chacune à
leur extrémité inférieure,
le blason de l’évêque Vincent de Napoli, évêque de Patti appartenant à l’aristocratique famille homonyme de Troina. (2)
le blason de l’évêque Vincent de Napoli, évêque de Patti appartenant à l’aristocratique famille homonyme de Troina. (2)
Dimensions : largeur 320 cm, hauteur : 150 cm.
Etat
de conservation : assez bon.
Analyse de la décoration brodée : sur un fond conçu comme plan lumineux se détachent des
éléments de broderie Richelieu disposés
symétriquement morcelant le
champ visuel et ouvrant une
vision en perspective sur un
plan brodé caractérisé par une décoration plastique en zigzag. Sur le fond lumineux
s’entrelacent des grappes fleuries
nouées en corolles et anneaux
disposés verticalement. L’axe central autour duquel s’attachent
tous les festons crée la structure principale dans laquelle les courbes
florales génèrent des arabesques et des clairs-obscurs d’inspiration baroque. La composition florale aux
couleurs variées faite d’
éléments à différents stades de leur développement
confère
à la broderie une dimension spatiale où les boutons et les fleurs déjà écloses vues de profil regardant vers l’intérieur
ou l’extérieur ou de trois quarts créent un
mouvement, une dynamique qui se
développe sur tout l’espace.
Sur
l’écu de la chape, la décoration, bien
que non connectée avec celle du grand
col, présente une grande similitude par
sa disposition symétrique et l’identité
typologique de la broderie. Le point lancé utilisé dans les fleurs comme dans le
feuillage crée une teinte à l’effet métallique qui rappelle la
luminosité de l’or délimitant les parties principales de la structure. On
dirait que l’or dessine et la soie colore. Le frisage escompté de l’armure satin sur laquelle est brodé le décor confère à l’ensemble une vibration matiériste qui rappelle la chair. Des rubans brodés et
appliqués créent des points de convergence et l’illusion
picturale nous permet de voir la chape, parement utilitaire d’utilisation quotidienne devenir
en même temps un habit solennel. La
frange faite de torsades de soie dorée
confère au vêtement liturgique ce poids structurel nécessaire pour tendre l’écu et la chape.
Le modèle à lignes ouvertes révèle la matrice baroque typique de la pièce permettant de la
dater du milieu du XVII° siècle. Paolo Giansiracusa.
(1)
Ce texte, je ne voulais pas le traduire car trop difficile à comprendre pour moi, mais Danièle, la charmante épouse de Jean-Pierre, experte
en broderie m’y a poussé au nom de toutes les brodeuses de notre
association. Grâce à la gentillesse du professeur Giansiracusa qui m’a expliqué certains « points », ce travail a
pu être mené à son terme. Avec plaisir j’associe Jean-Pierre, le créateur de notre
blog et mon professeur
« d’informatique pour les nuls ». Louis
(2)Voir
l’analyse du portrait de l’évêque Vincent de Napoli faite par le Pr.
Giansiracusa dans le blog précédent.
le brancard processionnel de Saint Sylvestre de Troina. P.Giansiracusa
Paolo Giansiracusa : Recenti scoperte storico
artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi. Aspects iconographiques liés
aux traditions basiliennes. In QUADERNI DEL MEDITERRANEO. N° 15 2015-2016.
Les membres de notre association qui vont prochainement rendre visite à leurs amis de
Troina iront obligatoirement saluer un personnage incontournable de l’Antique Cité
des Nébrodes. Saint Sylvestre me semble tellement présent dans la vie de
certains paroissiens que je me demande s’il ne leur apparait pas en chair et en
os le jour de sa fête. Celle-ci donne
lieu à de grandes manifestations. Il parcourt alors sa bonne ville porté sur un
brancard.
Le brancard
processionnel de Saint Sylvestre. Paolo Giansiracusa
apparaît portant Jésus sur
ses épaules. Le médaillon situé sur le côté
gauche présente la scène du miracle du four et sur
le côté droit les guérisons miraculeuses attribuées au Saint
lors de la peste de 1575. Enfin sur la
face postérieure, le quatrième médaillon
illustre le miracle de la guérison du fils de Guillaume I. (1)
L’année d’achèvement de l’œuvre, 1736 est incisée sur les faces gauche et postérieure dans la partie supérieure des décorations.
L’année d’achèvement de l’œuvre, 1736 est incisée sur les faces gauche et postérieure dans la partie supérieure des décorations.
Les poinçons qu’on peut voir sur les lames d’argent laissent apparaître diverses dates, la plus ancienne 1716 correspond
à la marque du Consul des
Orfèvres de Messine, Antoine Frassica et également à celle du probable auteur du brancard, Philippe Vento
(sculpteur de l’urne-reliquaire du Saint exécutée toujours à Messine en 1714).
Sur le brancard on peut aussi relever les poinçons des consuls de Palerme et
Catane certifiant les contributions décoratives qu’on peut dater de 1722, 1724 et 1736. Les médaillons par leur
charge expressive et la grande habileté technique du modelé, sont de véritables
chefs-d’œuvre de l’art baroque. Ils furent exécutés à Catane, peut-être
s’agit-il d’offrandes de dévots à sainte Agathe. Le lien spirituel
très fort unissant la Sainte à Saint
Sylvestre et ce dernier aux habitants de
Catane est bien connu. (2)
Les blasons et les inscriptions font référence aux donateurs
locaux qui, en participant à l’effort financier collectif, ont permis la réalisation de ces chefs-d’œuvre. Les familles Di Napoli,
Polizzi, Stazzone et les Jurés du
quartier Scalforio ont fait inciser sur
le brancard les marques de leur passage
et de leur dévotion.
Récemment, une longue et complexe restauration de la
structure, des lames en argent et du
modelé a été menée à bien et a permis de
rendre à la communauté, à la culture et
à l’histoire un des chefs-d’œuvre mettant
en valeur la maîtrise des orfèvres dans l’art du repoussé, de la fusion et du ciselé de l’argenterie, en
Sicile. Paolo Giansiracusa. (a suivre : La crosse de l’abbé.)
(1) « Selon la tradition, Saint Sylvestre vient
au secours d’un miséreux âgé qui fait la manche et pour mieux prendre soin de lui le porte sur ses
épaules jusqu’à l’entrée de son monastère où le pauvre mendiant se
révèle être Jésus Christ.
Le miracle du four : Le Saint vient en aide à un
jeune frère convers qui ne trouve pas le
balai lui servant habituellement à nettoyer le four de ses cendres. Sylvestre
entre dans le four et en ressort avec des vêtements immaculés.
La guérison du fils du roi Guillaume I : Le Saint
est au chevet du fils du roi de Sicile,
Guillaume I. Il se joue des moqueries des médecins entourant le jeune
malade et le guérit. Ce miracle accroît
sa réputation de sainteté et il sera élu abbé à son retour au monastère de
Troina.
Saint Sylvestre est porté en procession pendant
l’épidémie de peste qui décime la population de Troina en 1575 et arrête
l’épidémie. Il est acclamé « patronus » de la cité. »
In Viviscilia.it. Troina festeggia il
proprio patrone San Silvestro Sandra La
Fico. Vivisicilia 1 juillet 2010
(2) On raconte que Saint Sylvestre nourrissait une profonde dévotion pour la sainte de Catane., Contrevenant aux ordres de
l’abbé du monastère Saint Michel. de Troina, il se rendit dans cette ville. Quelle ne fut pas la surprise des autres moines qui eux avaient eu cette autorisation, de le voir agenouillé devant les reliques de
Sainte Agathe. Surprise encore plus
grande quand de retour à Troina ils virent Saint Sylvestre, frais et pimpant
les accueillir à la porte du monastère.
In
Vivisicilia.it. La città di Troina in delegazione alla festa di San Agata di
Catania. Silvano Privitera. 4-02-2010.
Les
deux articles peuvent être lus en
français. Traduction automatique.
Dans laquelle de ces trois églises
pouvez-vous voir une très belle statue de Sainte Agathe : Rémilly –sur-
Lozon, Le Lorey, Périers ?
quaderni del mediterraneo paolo Giansiracusa
Paolo Giansiracusa. Recenti scoperte
storico artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi. Aspects
iconographiques liés aux traditions basiliennes : Les évêques Vincent di Napoli et Robert.
In QUADERNI DEL MEDITERRANEO. N°15.
2015-2016. Directeur : Paolo Giansiracusa.
L’évêque Vincent Di Napoli.
Peinture
à l’huile sur toile. 1864 par
Raffaele Genovese.
Bibliothèque
communale de Troina.
La
composition prend modèle sur une estampe du XVIII° siècle du célèbre prêtre-graveur Antonino Bova.
Sur le tableau peint, les
insignes épiscopaux en particulier la concession du pallium sont
bien mis en évidence.
L’évêque
Vincent di Napoli (Il vescovo Vincenzo di Napoli) naquit à Troina en 1574. Ses parents, Paul et Agathe
Pizzutto, sont originaires de
Tortorici (povince de Messine) Il étudia à Palerme le droit civil et le droit canonique obtenant le titre de docteur in
utroque iure c'est-à-dire dans les
deux matières. Il fut ordonné prêtre et
débuta son ministère dans sa cité natale Troina. A seulement 35
ans, sur proposition de Philippe III
il fut nommé évêque du
diocèse de Patti(1) et le 5 décembre 1609 consacré à Rome. Il resta toute sa vie à la tête de ce diocèse où il imprima par son engagement sa marque sur les œuvres de charité, la consolidation du séminaire diocésain
naissant et l’évangélisation et
l’enseignement des fidèles. Le 23 août 1648, Il mourut à Gioiosa Guardia où il
s’était rendu pour prendre du repos .
Bibliographie : N.Guardia, Patti
e la cronaca del suo vescovato. Siena 1888, p 141-156. P.Sidoti, Mons. Vincenzo Napoli vescovo di Patti, Patti 1901. Paolo
Giansiracusa.
Annexe : Sur la famille Di Napoli,
Silvano Privitera que nous connaissons,
a inséré le 27 août 2013 sur Vivi Sicilia Vivi Enna un article intitulé :
Ricordare i Di Napoli, una delle
famiglie piu cospicue nella storia di Troina dal XIV° fino al XIX° secolo. Il
vous suffit d’appuyer sur : Traduire cette page et vous pourrez
lire : Se souvenir de la famille Di
Napoli, une des plus célèbres de l’histoire de Troina du XIV° au XIX° siècle).
(1) Lors de votre voyage, allez à la
cathédrale Saint Barthélemy de Patti saluer Adélaïde del Vasto. Là, se trouve la tombe (style Renaissance) de la troisième épouse de Roger le grand Conte, mère du futur grand roi Roger II. Du sang mêlé, donc
n’ayant plus la pureté de celui de la race originelle écrivait en 1882 le comte de Vigneral, conseiller général de
l’Orne, voilà la cause du déclin rapide de la dynastie normande ; du sang-mêlé donc enrichi
voilà l’explication selon le ligurien Gian Luigi Scavino(1973)ex- officier de la marine de sa Majesté, de l’ascension sociale de la famille des Hauteville surtout qu’il
s’agissait d’un apport de globules rouges venant de Ligurie. En sortant, allez
boire un verre de marsala et vous trouverez le
compromis sinon buvez en deux.
L’Evêque Robert
Ex
cathédrale de Troina.
Œuvre
de la première moitié du XVIII° siècle provenant du nouveau monastère Saint
Michel. (San Michele Nuovo). A noter la grande
minutie avec la quelle sont peints les
décorations, les sculptures, les émaux originaux de la crosse du XV° siècle.
En bas, l’inscription latine : Robert
abbé de Saint Michel de Troina, évêque des
troïnais nommé en 1081, ensuite archevêque des messiniens nommé en l’an du Seigneur 1096, de l’ordre de
Saint Basile le Grand, il mourut en 1107.
Paolo Giansiracusa
Annexe : Ce Robert est-il apparenté à la famille des Hauteville ?
A Troina, il est nommé à la tête du monastère
et de la Cathédrale par le Grand Comte
et c’est là que le bât blesse car le
pape voudrait avoir son mot à dire et Roger ne l’entend pas du tout de cette
oreille. Il va ensuite l’envoyer à Messine, puis en prison. Un jour de pluie, allez sur le net voir les
articles consacrés à la légation
apostolique en Sicile et aux solutions élaborées pour trouver un compromis
satisfaisant les deux pouvoirs, le spirituel et le temporel qui ont pour
devise : « Je t’aime moi non plus » comme chacun sait. Les
négociations ont duré plusieurs dizaines d’années et usé plusieurs rois avec
leurs ambassadeurs et papes avec leurs légats mais au final un accord fut
trouvé.
Merci mme Marie-Christine Rihouey pour la traduction de l'inscription latine
(Prochain article : le brancard de
procession de Saint Sylvestre).
QUADERNI DEL MEDITERRANEO N° 15 PAOLO GIANSIRACUSA
QUADERNI DEL MEDITARRANEO. 15. Paolo
Giansiracusa.
Aspects iconographiques liés aux traditions basiliennes
Saint Michel Archange. Roger le Grand Conte.
Et voici la suite de l'article du professeur Paolo Giansiracusa publié dans la revue qu'il dirige: Quaderni del Mediterraneo. N° 15. Les membres de notre association qui vont bientôt partir retrouver leurs amis dans cette "Civitas Vetustissima dei Nebrodi" pourront aller admirer ces oeuvres d'art exposées pour le moment dans l'ex-cathédrale et prochainement dans le musée d'art sacré qui verra le jour à Troina. Elles proviennent l'une de l'ancien monastère basilien de Troina, l'autre du nouveau qui sont tous les deux en ruines.
Vous avez lu la belle analyse de "L'Ecce Homo" découvert par l'auteur à Troina. Aujourd'hui, il vous propose les portraits de deux personnages bien connus chez-nous : Saint Michel et Roger le Grand Comte accompagnés d’un bref commentaire. Imaginiez-vous les voir de cette façon?
Louis
Cette œuvre exposée aujourd’hui dans
l’ex cathédrale de Troina provient de
l’Ancien monastère basilien Saint Michel
(San Michele Vecchio). Elle avait été
commandée par l’Abbé Geronimo Carducci (début du XVI° siècle)

En bas et à droite, l’emblème de
l’Abbé Carduchio (not. Rocco Pirro, in
« Sicilia Sacra », tome2 Note 9, p.1018, Palerme 1733) :
un écu d’azur divisé en deux parties au tiers de sa hauteur par une bande d’or. Dans le
quadrant supérieur arqué sont peints neufs petits chardons rouges. (carducci, rappelant précisément le nom du prélat). Huit
(quatre de chaque côté) sont en bouton tandis que
celui du milieu est
légèrement plus ouvert.
Œuvre du XVIII°
siècle provenant du nouveau monastère de Saint Michel de Troina (San Michele
Nuovo).
Aspects iconographiques liés aux traditions basiliennes
Saint Michel Archange. Roger le Grand Conte.
Et voici la suite de l'article du professeur Paolo Giansiracusa publié dans la revue qu'il dirige: Quaderni del Mediterraneo. N° 15. Les membres de notre association qui vont bientôt partir retrouver leurs amis dans cette "Civitas Vetustissima dei Nebrodi" pourront aller admirer ces oeuvres d'art exposées pour le moment dans l'ex-cathédrale et prochainement dans le musée d'art sacré qui verra le jour à Troina. Elles proviennent l'une de l'ancien monastère basilien de Troina, l'autre du nouveau qui sont tous les deux en ruines.
Vous avez lu la belle analyse de "L'Ecce Homo" découvert par l'auteur à Troina. Aujourd'hui, il vous propose les portraits de deux personnages bien connus chez-nous : Saint Michel et Roger le Grand Comte accompagnés d’un bref commentaire. Imaginiez-vous les voir de cette façon?
Chez-nous,
Saint Michel est associé à notre Mont qui se trouve bien de ce côté-ci du
Couesnon, dans notre beau département. Comme vous le savez le culte est parti
du Mont Gargan, dans les Pouilles et a essaimé dans toute l'Europe. Là-bas, il
a du souci à se faire car la concurrence est rude avec un tout nouveau venu: le
Padre Pio et son sourire légendaire. Ce dernier est même arrivé à
Vienne (A) à la cathédrale Saint Etienne non loin du musée où se trouve le
manteau de Roger II, fils de Roger Le Grand Conte né à Hauteville - la - Guichard 50570. Une belle
copie du manteau offerte par la cité jumelle se trouve au
musée. Le Pr Giansiracusa nous livre
une très courte analyse du tableau représentant
ce normand du XI° siècle qui a plutôt bien réussi comme vous le savez dans le
pays où il a émigré.
Merci, Mme Marie-Christine
Rihouey d'avoir assuré la traduction de la légende en latin
accompagnant le portrait.Louis
Paolo
Giansiracusa. Recenti scoperte storico-artistiche nella Civitas Vetustissima
dei Nebrodi. Aspects Iconographiques
Liés aux Traditions Basiliennes.
in QUADERNI DEL MEDITERRANEO-n° 15/ 2014-2015.
Tyche ed. Siracusa. 2016. Directeur Paolo Giansiracusa.
Saint Michel Archange.
Peinture à la détrempe sur bois, 1512 (1513 ?).
Signée RBVAII, artiste de la renaissance qu’on ne peut mieux identifier.
La date et la signature sont endommagées, en partie effacées et
recouvertes en raison d’une malheureuse restauration.
L’Archange
occupe tout l’espace et se détache sur un fond doré exécuté à la feuille d’or à
la manière byzantine. Il tient dans sa main gauche la sphère céleste sur
laquelle sont peints l’X christique et
l’oméga. Il est probable que l’alpha, dans la partie inférieure de la sphère,
ait disparu au cours du temps en raison
de nettoyages intempestifs.
En bas et à
gauche, un petit personnage agenouillé : l’abbé Hieronymus de Carduchio.
Devant lui, se trouve une inscription en caractères grecs, écrite en lettres majuscules dont
voici la traduction : PROTEGE MOI A L’ABRI DE TES AILES, O MICHEL ARCHISTRATEGE.
(A suivre)
Le Comte Roger.
Peinture à
l’huile sur toile (cm. 127-102) représentant le comte Roger, père de la lignée
des rois normands de Sicile.
Oeuvre exposée à l’ex
cathédrale de Troina.
En bas on
peut lire l’inscription latine : Portrait véritable du Grand comte Roger
le Normand, fondateur de ce monastère
Saint Michel de Troina.
.
Hauteville la Guichard "Le millénaire de la Normandie" paru dans Cherbourg-Eclair le 27 juillet 1911
C'est en faisant des recherches aux archives de la Manche sur le cycliste d'avant-guerre (14-18) dans la
Manche que j'ai trouvé ce petit texte dans Cherbourg-Eclair du 27 juillet 1911, le prédécesseur de
l'actuelle Presse de la Manche.
La presse locale des XIX et XXèmes siècles (Ouest-Eclair, le Messager de la Manche, Cherbourg-Eclair)
est incontestablement une source privilégiée pour retrouver les animations et fêtes qui ont marqué la vie
de nos villes et villages.
Les Archives de la Manche à Saint-Lô ne manqueront pas d'aider et guider ceux qui souhaiteraient effectuer de telles recherches.
Ou de chez vous sur internet avec l'excellent site Gallica pour la période antérieure à 1945.
René Gautier
Soirée Sicilienne à Montcuit le 18 Mars 2017
Soirée Sicilienne à Montcuit : Repas, Loto,
Diapos.
Quelle belle
soirée, tant arrosée, si ensoleillée ! L’auteur de ces lignes a failli rater l’entrée du
bourg occupé qu’il était à conduire
entre les gouttes, il n’a pas vu la pancarte.
Bravo à notre présidente et aux membres de l’association pour la parfaite organisation
d’une telle fête. Le sourire de toute l’équipe, La douce chaleur ressentie dès l’entrée, les tables si joliment fleuries,
la salle juste grande comme il fallait ont créé tout de suite, me semble-t-il, une atmosphère d’intimité familiale. Nous nous sommes retrouvés à cinquante convives
et parmi eux, les
« parrains » de l’association
Normandie-Sicile descendus sur nos terres, de la
grande ville.

Un bon potage
aux légumes façon Brigitte m’a replongé un moment dans mes souvenirs d’enfance : « Mange ta soupe, ça
fait grandir ! » -« J’veux pas grandir !» ;
« tu vas aller au lit ! ». « J’veux
pas aller au lit ! ». A propos, combien de sortes de légumes y
avait-il dans ce délicieux
velouté » ?

Enfin pour
couronner le repas un tiramisu aussi délicieux que gargantuesque imaginé
par Brigitte et Maryvonne. Combien de boites de mascarpone ont utilisé nos deux pâtissières ?
N’oublions pas les hommes de l’ombre ; merci Corinne, Claude, Yves et Guy. Impeccable votre
service de table.
Jamais deux sans trois. L’heure du Loto avait sonné. Une réussite. Un joyeux
brouhaha accompagnait et couvrait même parfois la voix de Jean-Pierre, notre
maître de cérémonie. Les nombreux lots
offerts par les convives ont transformé
la salle en caverne d’Ali Baba. Un grand
merci à tous les généreux donateurs et à tous les joueurs.
En conclusion :
Une soirée comme celle là, aussi conviviale, j’en
redemande mais n’oublions pas l’énorme
travail de préparation que cela suppose. Le but
est, naturellement, de remplir le bas de laine de l’association. J’ai
cru comprendre que la soirée a été bénéficiaire. Question : Quel est le
montant ?
Le clan des siciliens bénouvillais n’était pas là par hasard. Le président Bellomo,
maire de la commune, œuvre pour établir
un nouveau rapport avec les
assos. « normanno-italiennes » en général et la notre en
particulier et Brigitte est impliquée dans ce rapprochement. N’oubliez-pas la grande soirée à Ouistréham à laquelle vous
êtes bien entendu conviés.
Merci encore une fois aux organisateurs pour leur
implication et leur dévouement
Louis Bortuzzo
La découverte de l'ECCE HOMO de Troïna
Avant Propos de Louis Bortuzzo sur cette découverte
L’ECCE HOMO de TROÏNA. Pr PAOLO GIANSIRACUSA
Vous vous souvenez de cette splendide visite de Syracuse ? Elle
a marqué les esprits des membres de notre association. Comment aurait-il pu en
être autrement ! Le Prof. Paolo Giansiracusa, votre guide, grand ami du Dr
Venezia, maire de Troïna, enseigne l’histoire de l’art à l’académie des Beaux
Arts de Catane et à la faculté d’Architecture de Syracuse. Il collabore avec
des institutions prestigieuses telles que la Fondation du Louvre par exemple. A
côté de cette activité de recherche et d’enseignement, le Professeur Paolo
Giansiracusa est connu pour le combat quotidien qu’il mène en faveur de la protection et de la
valorisation du patrimoine culturel.
Notre présidente a reçu récemment, envoyée par
nos amis de Troïna, la revue qu’il
dirige : Quaderni del Mediterraneo. On y trouve sous sa signature un
article intitulé : « Recenti scoperte storico-artistiche nella
Vetustissima Civitas dei Nebrodi ».
J’ai aimé l’analyse de l’ECCE
HOMO qu’il a découvert à Troïna.
Attention, la lecture de cet article nécessite un peu de
temps. Voici, pour le lecteur pressé, un résumé des quatre pages de la
traduction. L’auteur traite d’abord des relations familiales entre Le Maître,
Antonello da Messina et ses disciples, puis de la révolution des artistes vénitiens qui a tant marqué la
peinture de la Renaissance et la manière de représenter ce fameux portrait de
Jésus sortant de chez Ponce Pilate ;
enfin cerise sur le gâteau l’analyse de L’ECCE HOMO de Troïna, un
délice.
Un grand merci à
l’auteur qui nous a donné l’autorisation
de publier sur le blog de l’association la
traduction de son texte.
Bonne lecture à tous. Louis.
_________________________________________________________________________________
QUADERNI DEL MEDITERRANEO. N. 15 /
2014-2015 / Tipografia Grafica Saturnina 2016
STUDI E RICERCHE SUI
BENI CULTURALI ITALIANI A CURA DI PAOLO GIANSIRACUSA
Paolo Giansiracusa.
Recenti scoperte storico-artistiche nella Civitas Vetustissima dei Nebrodi. P.
63-87
Prélude pour un musée d’art sacré
à Troïna.
Au cours de l’été 2015, avec mon ami le docteur Sebastiano
Venezia, maire de Troïna et Mons.
Antonino Proto, archiprêtre de l’ex cathédrale, dans l’oratoire du Rosaire de
la Civitas Vetustissima, nous avons offert aux habitants de la communauté des Nébrodes un premier aperçu de
l’imposant patrimoine artistique conservé dans l’église paroissiale Maria SS
Assunta, autrefois cathédrale. Il s’agit
là de la première étape d’un processus qui, après établissement d’un
accord entre la commune et la paroisse,
portera à l’institution du Musée d’Art Sacré de Troina. De cet événement, nous
présentons en version abrégée, le
catalogue des œuvres exposées avec, entre autre, la nouvelle datation du sceau
épiscopal qui, par erreur, pendant une longue période avait été daté de l’époque normande. Vous découvrirez également une analyse du
mobilier liturgique de l’abbé Vincent Di Napoli, l’étude inédite de l’Ecce Homo
du XVI° siècle peint par les disciples
de Antonello da Messina ainsi que les considérations historiques et une
étude du tableau de l’archange Michel
daté du XVI° siècle et provenant de l’ancien couvent basilien. P.G
ECCE HOMO. Paolo
Giansiracusa Quaderni del Mediterraneo.
n.15 Pag. 63-70
L’héritage artistique
de l’atelier d’Antonello.
Dans la seconde moitié
du XV° siècle et jusqu’en 1535, année de
la mort d’Antonello de Saliba, l’atelier des
Antoni, à Messine, connut une
période de pleine activité. Antonio de
Antonio dit Antonello da Messina (1430-1479) en fut le
représentant le plus célèbre. Le
laboratoire artistique des Antoni
abrita, au début l’activité du tailleur de pierre, Giovanni (doc. de
1434 à 1479) et connut sa période la
plus resplendissante pendant les années de la pleine maturité d’Antonello.
L’atelier s’enrichit en 1461 de la présence de Giordanno (doc. 1461-1488, peintre,
frère cadet du maitre auquel dans les années 70 vint s’adjoindre Jacobello
(1456-1490) fils unique du maitre. Il hérita à la mort de son père (25 février 1479) jusqu’aux commandes
d’œuvres non terminées.
La disparition
prématurée du Maître et celle de son
fils Jacobello donnèrent aux frères Antonello
de Saliba (1466_1535) et Pietro
de Saliba (doc.1497-1530) et à leur cousin Salvio d’Antonio (doc.1493-1526) la
possibilité de poursuivre l’activité de l’atelier en reprenant les modèles de
composition et les traits stylistiques
de leur oncle. Antonello et Pietro étaient les fils d’une sœur du Maître qui
avait épousé un sculpteur sur bois d’origine maltaise, Giovanni de Resaliba ou
de Saliba (1469-1510).
Giovanni eut l’occasion
de collaborer à maintes reprises avec
l’atelier d’Antonello et les
encadrements ciselés des peintures ainsi
que les œuvres de charpenterie sculptées
des polyptiques et des gonfalons peints par le Maître sont surement de
sa main. Son style devait certainement s’accorder au
goût de l’époque, car il reprenait
les motifs décoratifs et les systèmes structuraux de l’architecture et
du mobilier du gothique tardif. Les gonfalons de Gallodoro et de Forza D’Agro peuvent nous faire comprendre, même si c’est
à minima, le type de travail dans lequel Giovanni de Saliba
devait être expert.
Salvo d’Antonio était,
lui, le fils de son frère Giordanno.
Jacobello (même si ce n’est que pour une brève période) et ses cousins Antonello, Pietro et Salvo développèrent l’activité de l’atelier
voyageant dans toute la Sicile mais aussi en Calabre et dans le nord de la péninsule italique afin
de répondre à toutes les commandes.
Le thème de l’ECCE HOMO
développé dans le style typique de la nouvelle peinture,
lumineuse et réaliste, avait été traité de nombreuses fois par Antonello et se
trouvait être probablement le thème figuratif le plus demandé à l’époque. A la
Renaissance, Antonello a peint de
manière bouleversante la plus importante
collection de visages du Christ. A Vienne comme à New York, à Gênes comme à Plaisance, Venise, Lausanne… sont
conservés les meilleurs modèles « antonelliens » du Christ condamné,
raillé, méprisé. On pourrait presque entendre la voix du gouverneur de Judée, Ponce Pilate : « ECCE HOMO »
(évangile de Jean. 19,5). C’est en
prononçant ces paroles que Ponce Pilate présenta aux judéens le Christ
couvert de plaies
sanguinolentes : il espérait que la flagellation ait constitué pour
ses détracteurs une punition suffisante. Ce fut tout le contraire, et seulement
le début de la Via Crucis. Ce Christ couronné d’épines, couvert de son manteau
rouge, une tige de roseau pour sceptre et la corde au cou ne suscita
aucune pitié dans l’assistance. Le corps
meurtri, le visage émacié, défiguré par la souffrance, ne provoquèrent aucune
compassion au contraire, cette sortie du lieu de ségrégation et de punition fut
ressentie comme une provocation. « Le
Voilà », mais la punition infligée par Pilate ne fit qu’accroître le
ressentiment des judéens.
Les œuvres citées
ci-dessus (certaines d’ailleurs signées)
sont celles qui peuvent être, avec
le plus de certitude, attribuées
au pinceau d’Antonello. Dans toutes, il est possible de retrouver la
trame typologique de l’ECCE HOMO
« antonellien »,
douloureux, vaincu, accablé, le regard perdu dans le vague, avec
l’expression typique de celui qui est résigné à affronter la croix.
L’ECCE HOMO de TROINA.
Entre le XV et le XVI siècle, les confraternités de
l’ECCE HOMO étaient nombreuses en Italie méridionale ; en conséquence les demandes
de représentation figurative du thème devaient être importantes. Ainsi, les neveux d’Antonello, en particulier
Pietro, en honorant les diverses
commandes traitèrent ce sujet. Peu à peu le style du XV ° de
l’oncle se trouva libéré de la rigueur
de la technique du glacis, et sur la base des indications de la nouvelle
peinture matiériste vue à Venise
(rapide, gestuelle), le silence ambiant, les douces cambrures changèrent au profit d’une ascension chromatique vraiment annonciatrice des vibrants clairs-obscurs de
la nouvelle manière italienne. Les légers glacis devinrent des empâtements se détachant sur un fond qui n’est plus
nécessaire à la focalisation visuelle du sujet.
Dans l’ECCE HOMO de Troïna, on peut apprécier le
contre-jour de matrice vénitienne remplaçant le fond habituel de
couleur sombre et monotone, témoignage
de l’irrésistible évolution d’un
atelier qui, parti des formes
équilibrées et pleines de sérénité d’Antonello, évolue maintenant vers
une composition empreinte
d’expressivité passionnée annonçant le siècle nouveau, le XVI ° des coloristes, des
« tonalistes ». C’est dans cet environnement, celui de la période de
pleine maturité des neveux du Maître, entre 1520 et 1530 qu’il faut placer
l’ECCE HOMO de Troïna.
La peinture à l’huile,
avec une préparation du fond à la détrempe, est exécutée sur une tablette de sapin de 36,50 x 50,50 cm
et 3 cm d’épaisseur. La partie plate peinte, en excluant celles
non recouvertes des arrondis, est légèrement moins grande. Sa face postérieure ne présente aucune
trace de peinture. Enfin, la tablette
présente des bords arrondis analogues à ceux des pièces encastrées. Il pourrait s’agir
d’un panneau de polyptyque démembré ou
de l’icône d’un gonfalon processionnel privé de soutien et d’encadrement. Des œuvres
semblables peuvent être vues dans la
cathédrale de Sassari peinte par Giovanni Muru et dans l’église de Notre Dame
du Règne à Ardara. Le Maïtre d’Ardara a peint au recto l’ECCE HOMO et au verso la Vierge à L’Enfant.
Un Christ aussi
poignant, humilié, épuisé, dégoulinant de sang, Salvo d’Antonio et Marco di Costanzo, en 1495 l’ont peint sur le retable de la très Sainte Trinité,
entre Saint Jacques Pèlerin et Saint Etienne, exposé à la Galerie Régionale du Palais Bellomo à Syracuse.
Le Christ de Troïna
apparaît dans un espace scénique délimité en haut, par une frange décorative
ornée de dentelle et de chaque côté par
un double rideau replié et
attaché. L’ouverture révèle un
arrière plan éblouissant de lumière
formant une auréole presque circulaire révélatrice de la présence de l’Eternel
aux côtés du Christ dans le lieu de son
jugement. Le contre-jour apparaît d’un
extraordinaire effet pictural et apporte
une grande intensité
dramatique en soulignant
les contours de la couronne d’épines et de l’épaisse chevelure du
Nazaréen. Tous les symboles sont
représentés : la tige de
roseau symbolisant le sceptre fragile d’une humiliation
sans-pareil ; sur les épaules le manteau de pourpre, rouge vif comme le
sang qui suinte sur son visage, sa poitrine et ses mains ; autour du cou
et des poignets, la corde qui va le tirer par à-coups sur le chemin de la Via Crucis et vers le Calvaire ;
la couronne d’épines, elle aussi symbole d’humiliation et de souffrance.
Ses mains majestueuses,
aux longs doigts fuselés posées sur sa
poitrine comme en signe d’acceptation soutiennent le sceptre, honneur
dérisoire pour celui qui
est la risée de tous. La
tête de Jésus est légèrement inclinée
vers la gauche tandis que son regard, comme dans certains portraits du Maître, est dirigé du côté opposé, vers la
droite créant ainsi ce mouvement plein de dynamisme qui donne du réalisme, qui
stimule les sentiments de pitié et d’acceptation. La composition
s’inscrit dans une structure
géométrique rigoureuse ; autour d’elle la couleur devient plus dense. Un
V, pointe en bas, constitué par la corde
et par le roseau traverse complètement le tableau pour aller se perdre au-delà
du rideau. Ce dernier nous rappelle les
éléments de l’encadrement
« antonellien » du Saint
Jérôme dans son Etude (portail
vers la route) et de l’Annonciation de Palazzolo (loggia vers la cour ouverte). La corde,
malgré une imperceptible déviation se
trouve dans la continuité de l’arête
nasale.
Un cercle parfait, celui de la lumière de l’arrière-fond
(auréole, lieu infini du divin) entoure le visage comme pour en marquer la
centralité.
L’auteur de cette
étude a découvert cette œuvre, il y a une vingtaine d’années,
dans les réserves des pères capucins de Troïna, peut-être était-elle un des
éléments d’un éventuel polyptyque ou
d’un gonfalon. Elle fait partie de la dotation d’art figuratif que les
franciscains apportèrent quand ils arrivèrent quelques années plus tard à
Troïna pour fonder le couvent hors les
murs.
La pellicule de peinture
et le support ne présentent pas des conditions de sécurité et de tenue
structurale optimales c’est la raison pour laquelle l’Administration Civique a
entrepris le travail de récupération et de remise en valeur. En fait peu importantes sont les pertes de couleur et
les rajouts, ces derniers étant facilement amovibles.
Le nettoyage de la
pellicule de peinture et l’élimination
des couches de vernis de protection,
actuellement de couleur fortement
ambrée, pourront restituer à l’œuvre sa
beauté originelle, la luminosité de
l’incarnat et mettre en valeur le style particulier à la
manière « antonellienne » caractéristique de la période de plénitude des neveux du Maître.
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