Notre présidente nous parlera lors de la soirée-pizza des
contacts noués avec l’architecte- peintre Renaldo Fasanaro qui nous avait
envoyé une invitation pour l’inauguration de son exposition de peinture à
Salerne le lundi 18 septembre 2017.
Voici l’article d’Aniello
Palumbo paru dans le journal Chronache
di Salerno.
Splendide Mulieres Salernitanae
L’exposition de l’architecte-peintre Renaldo
Fasanaro sera visible jusqu’à la fin septembre à l’Arche catalane du palais Pinto. Une anthologie
dédiée aux femmes de notre cité entrées à différents titres dans les livres de
science, d’histoire, d’art ou de lettres.
La célèbre « Magistra »(1) Trotula De
Ruggiero, la plus renommée
des « Mulieres
Salernitanae »(2) et ses consoeurs Sichelgaita, Constanza Calenda, Jasmine Medica, Abella Di
Castellomata dite « Abella Salernitana », Francesca Romana, Maria
Incarnata, Rebecca Guarna, Mercuriade, Constantia Mammana, Berdefolia Medica qui ont profondément marqué l’histoire de
notre cité, sont les protagonistes des œuvres exposées jusqu’à la fin du mois
de septembre dans la Cour Catalane du Palais Pinto, rue Mercanti, réalisées par
l’architecte et peintre salernitain Renaldo Fasanaro. Les vingt œuvres picturales rassemblées
nous emmènent, dans un fantastique voyage à travers l’histoire,
la botanique, et les souvenirs, à
la rencontre des « doctoresses » de l’Ecole Médicale
de Salerne dans la période allant du XI° au XV° siècle. Les portraits sont réalisés soit en utilisant la technique
de l’aquarelle soit en technique mixte : dans chaque cadre sont insérées des plantes recueillies par l’auteur, au
printemps, dans le jardin de la Minerve(3) (chélidoine, violettes, coriandre,
poivre, lin commun, bourrache, cymbalaire commune, calendula ou souci
officinal, raisins variété Sanginella, adiante ou cheveu de venus) et des
bijoux réalisés par Rosalba Fasanaro.
« J’ai voulu regarder avec les yeux de Trotula, Rebecca, Mercuriade,
Abella Constanza et Sichelgaita les
fleurs et les plantes de l’antique « Hortus Sanitatis » de Matteo Silvatico,(4) aujourd’hui
« Jardin de la Minerve » Grâce aux conseils ô combien éclairés de Luciano Mauro, j’ai cueilli,
dans le jardin des simples, des échantillons rares de plantes ancestrales pour les déposer dans les mains des « Mulieres » comme dans un écrin d’histoire. J’ai peint
mes aquarelles en une année, entre Rome,
les îles Baléares, Cagliari et Naples ». L’architecte Ruggiero Bignardi, curateur de cette exposition, a expliqué que les
portraits des « Mulieres Salernitane » de Fasanaro mettent bien en évidence
l’approche des soins du corps en
harmonie avec l’univers
« confirmant les principes de l’enseignement d’Hippocrate
et de Galien dans la conception du lien indissoluble existant entre
l’homme et le cosmos». Enseignements qui ont contribué au développement de la
culture médico-scientifique de l’Europe du XI° siècle , avec les traductions de
l’arabe en latin de Constantin L’Africain et la formation d’illustres médecins
comme Trotula De Ruggiero et Jean Plateario, et au XII° siècle grâce à
l’extraordinaire figure de Hildegarde de Bingen, dont on peut voir dans
l’implantation géométrique des mosaïques
découvertes pendant les dernières phases de la restauration des promenoirs intérieurs de la Cour
Catalane, une représentation imagée de sa vison de la symbolique du cosmos
sichelgaita |
Matteo Lanzetta, professeur de lettres, a rappelé les préceptes de la médecine hippocratique reposant
sur une base scientifique : « observation des malades, analyse des symptômes et surtout mode de raisonnement
profondément rationaliste en contraste avec la notion démoniaque de la cause
des maladies ».Le professeur Lanzetta a également parlé de l’équilibre
entre les opposés identifiés avec les quatre humeurs circulant dans le corps
(sang, phlegme, bile jaune et bile noire)de l’équilibre desquels dépendent le
bien être
ou la maladie. Il a
rappelé les noms des fondateurs de l’Ecole de Médecine Salernitaine : le
latin Salernus, le grec Pontus, l’arabe Adela
et le Juif Helinus. Paola Brandi
professeure de philosophie et histoire a parlé des rapports âme/corps et du
concept de beauté dans la vision néoplatonicienne de la Renaissance, soulignant
la profondeur du regard chez les « Mulieres »
peintes par Fasanaro « L’auteure attire l’attention sur le concept utilisé
par les grecs pour désigner l’âme : « psyché », sa signification
originelle est liée au verbe
« psychein », « souffler », l’âme est le souffle vital. Liliana
Di Landri professeure d’anthropologie culturelle, a parlé du
« chamanisme ». Le chamane qui
dans cette exposition se trouve
représenté dans sa version « féminine », est une personne
ayant le pouvoir d’entrer volontairement dans un état de
conscience « non ordinaire » pour prendre contact avec le monde des esprits : le médecin-guérisseur opère par
conjurations, maléfices et potions composées d’herbes, de fleurs et de
racines dont les vertus médicinales ont une origine
divine.. Un fil rouge relie les grandes déesses guérisseuses de
l’antiquité : Hathor, Isis, Déméter, Médée ou encore Circé, aux
« Mulieres » de l’Ecole de Médecine Salernitaine. Le docteur Luciano Mauro, directeur du
« jardin de la Minerve » a rappelé que dans l’ensemble du territoire
de la commune de Salerne sept cent seize
espèces de plantes officinales ont pu
être répertoriées et que les compétentes et talentueuses « Mulieres Salernitanae » les ont certainement
utilisées.
Enfin, pour le plus
grand plaisir de la nombreuse assistance, le maître Ugo Di
Giovanni a joué sur son luth
renaissance deux airs du XV° et
XVII° siècle tandis que les acteurs
Elena
Monaco e Andrea Bloise ont récité
des textes de
Trotula De Ruggiero, Bocaccio et Dante Alighieri.
Aniello Palumbo
1. Enseignante
2. Femmes de Salerne
3. Ce jardin botanique médicinal situé non loin de la
cathédrale est un havre de paix.
4. On doit à ce médecin (1285-1342) la création du premier
« Hortus Sanitatis » pour les élèves de l’école médicale de Salerne.
Il se trouvait deux mètres plus profond
que le jardin de la Minerve.
J’en profite pour
rappeler qu’à Hauteville-la-Guichard
vous pouvez vous promener dans les allées du jardin botanique médicinal.
Il est intéressant de comparer le portrait salernitain de celui exposé à Bricquebec cet été.
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