Après Bricquebec en septembre, les Hauteville nous invitent en octobre à
Palerme pour voir une belle exposition sur le palais royal et visiter leur
demeure fortifiée y compris les pièces qui n’étaient pas accessibles au public
jusqu’à maintenant. Naturellement la chapelle palatine fait partie du circuit.
Palerme : une exposition.

sont en italien et en anglais mais avec l’audioguide français pas de problème. Le roi vous recommande d’aller sur le net sur le site castrum superius où vous trouverez de très bons articles en italien et les belles photos et vidéos sur le sujet. Les traductions en français sont très bien faites.Les Hauteville vous attendent jusqu’à la mi-janvier peu-t-être même plus tard.
Pour
ma part je ne vous parlerai que d’une pièce qui se trouve habituellement au
palais de la zisa. Il s’agit d’une stèle funéraire. Celle d’ « Anna,
mère du prètre Grisanthe -Grisanto- morte en 1148 ». Ce prêtre semble
bien connaitre le roi.Le texte de l’inscription est en quatre langues disposées
autour d’une croix en opus sectile en porphyre, serpentine et marbre blanc : hébraïque
à gauche, latine en haut, grecque à droite, arabe(devinez ?) ». Voici
un très bon site français pour en savoir plus sur cette
stèle : « Une œuvre,
une histoire : Stèle funéraire chrétienne avec inscription quadrilingue ». Signalons simplement la date du décès d’ Anne exprimée
dans les divers calendriers. Ainsi 1046 dans le calendrier latin correspond à
4904 dans l’hébraïque, 6658 dans le grec et 543 dans l’arabe. On ne peut que
ressentir de l’émotion devant ce témoignage de l’époque de Roger II parvenu
jusqu’à nous, incitation à la convivialité et à la
tolérance au moins pour les hommes de bonne volonté d’hier et d’aujourd’hui qui
veulent vivre ensemble. A propos avez-vous en mémoire la conclusion de la conférence de Mr André de ziegler intitulée « Le Miracle
Sicilien » prononcée en 1954 à Cefalu lors du VIII centenaire de la mort
de Roger II. Sinon allez vite la lire ou la relire sur notre blog.
(1)
Il existe un
château inférieur situé près du Port.
Nous sommes ensuite conviés à visiter la chapelle palatine puis les appartements privés du roi.
La chapelle palatine : Quelques marches à monter et nous entrons dans la chapelle personnelle du premier roi normand de Sicile, la chapelle palatine.
Encore beaucoup « d’invités » en ce beau mois d’octobre sicilien mais
rien à
voir avec la cohue des mois d’été. Aussi
nous pouvons tranquillement nous asseoir et méditer tout en contemplant tranquillement la décoration intérieure, magnifique feu
d’artifice célébrant la gloire de Dieu
et la puissance du Roi, dans le style de
l’époque. Rappelons que ce vaisseau a été
voulu par Roger pour les fidèles de son temps et non pour les touristes du XXI siècle. (1) Quel
trait de génie ont eu les concepteurs d’avoir réussi à faire cohabiter deux décos totalement différentes , l’une figurative , l’autre
abstraite. Elles divisent en
deux étages fictifs terrestre et céleste le
pourtour de la chapelle. De plus les artistes mosaïstes ont peuplé le ciel de
figures humaines, tandis que des maîtres en marqueterie ont habité la terre de
figures géométriques. Si vous redressez la tête, s’offre à vous le fameux plafond
islamique et si vous la baissez vous vous perdez dans les méandres des
décorations du sol. Où les artistes trouvent-ils leur sources
d’inspiration pour célèbrer un dieu
unique sous des façons totalement
différentes ? Chez les byzantins depuis la fin de la prohibition des
images l’art religieux est redevenu très
figuratif tandisque l’art islamique est resté très abstrait. Le roi nous a dit qu’il a donné au projet de cohabitation
des deux esthétiques sa préférence. La chapelle est-elle le reflet de la pensée du monarque :
faire vivre ensemble dans son royaume ses sujets qui vénèrent chacun à leur manière le
dieu unique.?
Dans cette grande arche, à la proue couverte de tesselles d’or les mosaïstes ont placé dans le cul de four de l’abside centrale le pantocrator et au dessous la vierge Marie et un deuxième pantocrator entouré de toute une cour d’anges et d’archanges au sommet de la coupole l’abside. Cette seconde représentation m’apparait très « orientale », la première plutôt « occidentale ». Le roi nous confie qu’il est catholique romain mais que son peuple chrétien est catholique byzantin. La proue c’est la place du capitaine, du guide.
en symboles confère à cette estrade un aspect majestueux,
solennel et illustre bien les lourdes responsabilités que porte l’homme qui nous
fait l’honneur d’être notre cicerone en
ce moment. La décoration imaginée totalement différente en haut et en bas
marque bien la réalité des deux domaines,
unis dans la pensée de l’époque. Regardez cette figure géométrique formée d’un
triangle qui repose sur un quadrilatère divisé en six carrés ; l’ensemble repose sur un
portique (désolé pour la photo) fait de fines colonnes stylisées unies par des
arcs en ogive.Ce ne peut-être que le palais du roi quant à l’octogone en
porphyre logé dans le carré médian supérieur n’est-il pas la représentation
symbolique du roi très chrétien ? Pas de dorures, que des panneaux remplis de fleurs stylisées, pas de personnages à l’exception
de deux lions à la barbe bien fleurie
comme celle de Charlemagne. Au dessus de lui on retrouve le Christ bénissant
accompagné de Pierre et Paul. La décoration redevient ici habituelle. Curieux
de voir révélé un être humain par une figure symbolique tandisque l’être divin
est en chair et en os.
christ bénissant, peut-être le bénissant, en
face de lui le pantocrator. La
distribution des figures divines et de
l’octogone n’est pas aléatoire. Que pouvait penser Roger lorsqu’il regardait de sa place
le créateur de l’univers ? La réponse ne peut être simple surtout si en
filigrane derrière le Pantocrator se profile la figure de
Saint Pierre donc celle du pape, son représentant sur terre. On ne
discute pas le pouvoir de Dieu par contre celui du pape…surtout en Sicile à
l’époque. Rappelons que la religion était un fait de société .

(1)
En huit siècles
d’existence la chapelle a subi quelques
liftings. Le touriste que je suis parle donc de ce qu’il voit aujourd’hui comme
si c’était la chapelle de Roger II.
( (2) Pardon mon Dieu j
ai oublié qu’on entre chez vous aussi pour prier.
Le Palais royal : Quelques marches encore et quel bonheur de pouvoir musarder dans toutes les pièces habitées par les Hauteville en particulier dans la salle de Roger II et dans la tour pisane dont l’entrée était interdite autrefois. On se croirait à la journée du patrimoine.
Le roi attend nos réactions c’est manifeste en nous faisant entrer dans la salle qui porte aujourd’hui son nom : salle Roger II. Les mosaïstes sont vraiment des maîtres . Ils excellent aussi bien dans l’art religieux que dans l’art profane. Nous sommes ébahis devant ce décor flamboyant. J’imagine le roi discutant avec un grand du royaume tout en marchant de long en large parmi ces arbres, ces lions, ces cerfs, ces paons , ces chasseurs immobiles, silencieux disposés de façon symétrique. Toutes les scènes ont une valeur symbolique. Je m’arrête un moment devant celle de la chasse , mosaïque des plus figuratives s’il en est et pourtant les arbres verticaux, les cerfs horizontaux, la voute hémisphérique , la symétrie tout est géométrie dans la construction. Le roi s’approche et nous rappelle que la vénerie était un art et un excellent exercice d’entrainement à la guerre en son temps.
Il nous parle de son
grand-père et de sa grand-mère qu’il aurait bien voulu connaître pour leur montrer le chemin parcouru par leurs
enfants.
En sortant vous ne pouvez pas manquer tous ces
touristes se déplaçant précautionneusement, le nez en l’air.
Une autre tour vous attend, la tour Gioaria avec la salle
des vents au plafond en bois décoré de
sa célèbre rose des vents mais là nous sommes à une époque plus récente comme
dans la grande salle du parlement de
Sicile
Et pour terminer cette visite
Roger II nous invite à prendre un verre dans les jardins du palais où tous
les Hauteville sont réunis , même Fréderic de Hohenstaufen est là avec sa mère,
fille de notre guide ne l’oublions pas. Par ce bel après-midi d’un mois
d’octobre sicilien très ensoleillé quel plaisir de siroter un spritz à l’ombre
d’un palmier-il fait 30°- en écoutant la conversation très animée de nos hôtes car chacun, à son époque,
veut montrer qu’il a apporté une pierre, une tesselle, une marqueterie à
l’édifice que nous venons de visiter.
Louis, Jean-Pierre. Prochain blog : troisième invitation des Hauteville.: Coutances
Merci pour cette étude très approfondie.
RépondreSupprimerEn souhaitant qu' elle soit "abondamment "consultée!